CHANGEMENT CLIMATIQUE ET SES IMPACTS AU MAROC. UICN Approche et Actions pour la Résilience au Changement Climatique
CHANGEMENT CLIMATIQUE
ET SES IMPACTS AU MAROC
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A l’instar de l’ensemble des pays de la planète, le Maroc subit les effets des changements climatiques avec les spécificités que lui confèrent sa position géographique et les particularités de ses
écosystèmes. Situé au nord-ouest de l’Afrique, entre deux zones climatiques
(tempérée au nord et tropicale au sud), le
Maroc a un climat méditerranéen très varié : perhumide, humide, subhumide, semi-aride, aride et saharien. Les observations des dernières décennies montrent l’avancée du climat aride et semi-aride vers le nord du pays. Les projections climatiques prévoient une aggravation de la situation tout au long du XXIème siècle.
1. Tendances du changement climatique au Maroc :
La seconde communication nationale sur le climat présentée en 2010 confirme que durant les dernières décennies, le pays a connu un réchauffement significatif et une augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements extrêmes. De
1960 à 2000 le réchauffement moyen global a été autour de 1°C sur tout le territoire, avec un maximum de 1,4°C dans la région sud-est du pays. Les vagues de chaleur ont nettement progressé au détriment des vagues de froid. De 1976 à 2006, les pluies ont diminué de 3 à 30% selon les régions avec une régression, en particulier hivernale, dans les hauts plateaux de l’Oriental. Pendant la même période, les précipitations du trimestre février-avril ont baissé de 23 mm en moyenne et de 38mm
(l’équivalent du tiers de la normale) dans le nord-ouest du pays. Les épisodes de sécheresse en saison pluvieuse
(septembre-avril) se sont allongés de plus de 15 jours. De 1995 à 2010, l’intensité et la fréquence des inondations ont été de plus en plus importantes. Des crues massives ont affecté les différentes régions du pays avec des pertes humaines et dégâts
économiques importants.
2. Projections climatiques :
Les projections futures des changements climatiques au Maroc ont été simulées en utilisant l’algorithme de régionalisation
SCENGEN, à partir des résultats du modèle climatique global MAGICC. Les résultats résumés dans le tableau suivant montrent des différences importantes entre différentes grandes régions du pays. La température moyenne augmenterait en
2045 par rapport à la période de référence
(1960-1990) de 1.6 au Sud à 2.1°C dans l’Oriental. A l’horizon 2045, les précipitations moyennes diminueraient selon le scénario A1B (scénario pessimiste) de 8.5 au Sud à 16.5% au Centre. Pour le scénario B2 (scénario optimiste), la diminution serait de 10.2 à 13.6%.
3. Eléments de sensibilité du Maroc au changement climatique :
De part sa situation géographique, sa structure topographique et la nature de son couvert végétal, le Maroc présente des vulnérabilités intrinsèques :
– une importante façade maritime étendue en latitude (3400 km)
– un domaine montagneux (quatre chaines) avec de fortes différences en étendue et en altitude.
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6 Seconde Communication Nationale sur les Changements Climatiques (2010) et Rapport National des objectifs du Millénaire pour le
Développement (2009).
Centre de Coopération pour la Méditerranée de l’UICN
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APPROCHE ET ACTIONS POUR LA RÉSILIENCE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
– une grande fragilité de certains
écosystèmes (zones littorales, vallées présahariennes, …) et une faune et une flore extrêmement diversifiées
– une répartition irrégulière des précipitations dans le temps et dans l’espace (2000 mm sur les reliefs au nord
à moins 25 mm dans le désert au sud)
– une urbanisation croissante des zones à risques (littoral, lits des oueds, …)
– manque de connaissances pertinentes sur l’adaptation aux changements climatiques
– inégalités face aux effets négatifs du changement climatique (les couches sociales pauvres sont les plus vulnérables).
4. Impacts du changement climatique au
Maroc :
Sous l’effet des sécheresses sévères et fréquentes qu’a connues le pays ces dernières décennies, la baisse des apports en eau a atteint 20% sur la période 1940-
2005 et la température moyenne a augmenté de plus de 1°C entre 1960 et
2000. La récurrence de ces sécheresses et la tendance de la réduction des précipitations vont entrainer une baisse des ressources en eau superficielles et souterraines estimée entre 10 et 15% environ d’ici l’an 2020. Par ailleurs le phénomène de crues s’est accentué durant les deux dernières décennies (Ourika en
1995, Tétouan en 2000, Mohammedia en
2002, Merzouga en 2006, Tanger, Nador, Al
Hoceima, Fnideq en 2008, Er-Rachidia et
Rabat en 2009, les régions d’El Gharb du
Sous en 2010).
Le déficit en eau, estimé à près de 5 milliards de m 3 à l’horizon 2030, pénalise l’ensemble de l’économie. Les impacts sur l’alimentation, la santé humaine et les
écosystèmes affectent, d’ores et déjà, tous les territoires. La dégradation des cultures, des parcours et des sols conduit à un fort accroissement du taux d’envasement des retenues des barrages, qui pourrait dans de nombreux bassins versants dépasser 1% par an du volume de la retenue du barrage.
Les cultures pluviales seront particulièrement affectées par la réduction des précipitations. La grêle et le gel peuvent avoir aussi des incidences économiques importantes. Dans le futur, les pertes de rendement des céréales risquent de causer l’exode de près de 6 millions d’habitants.
De même, la dégradation de l’espace forestier aura des répercussions graves sur les populations de montagne. Cet espace connait une régression de plus de 31.000
ha par an, perte devant s’accentuer d’avantage en raison de l’accroissement des épidémies parasitaires, des incendies, de la pression sur les parcours, des défrichements et des prélèvements de bois de feu.
Le changement climatique risque aussi de compromettre les progrès réalisés en matière de lutte contre des maladies infectieuses comme le paludisme et le choléra. Les phénomènes extrêmes, vagues de chaleur ou de froid, ne manqueront pas
non plus d’affecter les populations vulnérables, particulièrement les plus pauvres, les nourrissons et les personnes
âgées. L’incidence des maladies chroniques
(asthme, rhumatisme, grippes, etc.) pourrait sensiblement augmenter. D’autres maladies comme les maladies respiratoires et celles à transmission vectorielle et hydrique risquent
également d’être aggravées.
Face au changement climatique, le Maroc a
élaboré un plan national qui vise la consolidation des stratégies sectorielles en matière d’atténuation des GES et d’adaptation aux changements climatiques.
Dans ce cadre :
* une priorité est donnée aux énergies renouvelables à travers de grands chantiers relatifs aux énergies solaire et
éolienne.
* pour le renforcement des infrastructures hydrauliques, le Plan d’action 2010-2030 vise la réalisation de 59 grands barrages et d’un millier de petits et moyens barrages. Ce programme sera renforcé par la réutilisation des eaux usées et le développement d’usines de dessalement de l’eau de mer utilisant l’énergie solaire ou éolienne. Il est envisagé également le transfert d’eau du nord au sud.
* en matière de prévention des risques, la stratégie prévoit le renforcement du Plan
National de Protection Contre les
Inondations. Un Fonds National de Lutte
Contre les Effets des Catastrophes
Naturelles a été institué en 2009. Ces actions sont complétées par la mise en place d’un Système d’Alerte Précoce à la
Sécheresse et par un projet de plantation d’un million de palmiers dattiers à l’horizon 2015 et 2, 9 millions à l’horizon
2030.
* le Plan Directeur de Reboisement vise la plantation d’un million d’ha sur la période
2015-2030.
* le Plan Maroc Vert prévoit des mesures d’adaptation, en particulier l’économie d’eau, la préservation des sols, la promotion de l’arboriculture et l’appui à l’agriculture solidaire autour des produits de terroir.
* l’Initiative Nationale de Développement
Humain (INDH) inscrite dans le cadre des objectifs du Millénaire, cible l’atténuation de la pauvreté et la précarité à travers la promotion d’AGR et l’amélioration de l’accès aux services sociaux.
TABLEAU 1. Prédictions des changements des températures et précipitations moyennes à l’horizon 2045 et 2075, par région géographique au Maroc.
ORIENTAL NORD CENTRE SUD
T moyenne de 1960-1990
2045
2075
A1B
B2
A1B
B2
P moyenne de 1960-1990
2045
A1B
B2
2075
A1B
B2
17.1
19.2
19.2
21.0
20.4
140
118
122
117
115
19.3
21.0
21.0
22.4
21.9
720
623
634
567
589
17.6
19.4
19.4
22.0
20.4
236
197
204
190
190
20.1
21.7
21.7
23.0
22.5
59
54
53
45
49
Centre de Coopération pour la Méditerranée de l’UICN
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